Le moulin à eau, attesté en Europe depuis l’Antiquité, est plus ancien que le moulin à vent. Il s’est développé parallèlement à la disparition de l’esclavage à partir du IXe siècle. L’utilisation de l’énergie hydraulique plutôt qu’animale ou humaine permet une productivité sans comparaison avec celle disponible dans l’Antiquité, chaque meule d’un moulin à eau pouvant moudre 150 kg de blé à l’heure ce qui correspondait au travail de quarante esclaves.
Sur nos rivières, les premiers moulins font leur apparition. « Saint-Mars, hameau et moulin sur la Vienne, commune de Bonneuil-Matours : Alodum quod dicitur Cella, masum cum ecclesia, piscatoria, molendino…, 1067-1073, est ainsi cité dans le cartulaire de Saint-Cyprien, et semblerait être l’un des plus anciens du Châtelleraudais ».
Avant l’ère industrielle, les moulins à eau étaient utilisés pour de multiples usages : sur la Vienne, le Clain, l’Ozon et l’Envigne se trouvaient essentiellement des moulins à farine, à foulon, à tan, à huile… Le moulin à eau, tout comme le moulin à vent, fut supplanté au XIXe siècle par l’arrivée de la machine à vapeur, puis par le moteur électrique.
Aujourd’hui, l’activité des moulins a presque disparu. Certains ne sont plus que ruine, d’autres sont devenus des maisons d’habitation. Si l’on excepte le moulin de Chitré, reconverti en musée « Ecologia », les survivants de cette grande aventure produisent de l’électricité (Saint-Mars, les Grands Moulins de Bonneuil-Matours). Seuls, le moulin des Bordes a continué à « moudre farine » jusque dans les années 1990 et son grand frère, à Ozon, équipé de machines ultra modernes, connait une production croissante et exporte la farine dans toute la grande région du Poitou. C’est sur ces moulins, que va porter notre attention. Auparavant, intéressons-nous quelques instants sur le mécanisme des moulins en général et sur les moulins du Châtelleraudais, en particulier.
La suite de l’article : Claudine Pauly, De moulins en minoteries