Tel est le thème choisi par Jerôme Grévy pour son intervention devant le public de la salle du Verger ce samedi 23 novembre 2019. Professeur d’histoire contemporaine à l’université de Poitiers, membre du CRIHAM (Centre de Recherches Interdisciplinaires en Histoire, Art et Musicologie), spécialiste – entre autres – de Garibaldi et de la Troisième République, M. Grévy a d’emblée souligné le rôle des « sociétés savantes » qui apportent beaucoup à la recherche universitaire ; le thème actuel de recherches du CCHA, « Éducation et formation en Châtelleraudais du XVIIIe au milieu du XXe siècle », les travaux sur l’école de Vicq-sur-Gartempe présentés ce même jour par leurs auteurs, l’histoire locale de certaines communes, comme le document mis en ligne sur le site de la mairie de Tercé en sont autant d’illustrations.
Dans les années 1960, l’historiographie a jeté un regard nouveau sur les institutions et l’enseignement mais les premiers travaux sur l’architecture scolaire sont bien plus tardifs (années 1980-1990). Au cours du XIXe, des enquêtes officielles sont menées ; dans celle de Guizot en 1833, il manque les réponses concernant la Vienne. Après les lois de Jules Ferry (école gratuite en 1881, obligatoire et laïque en 1882) l’action des pouvoirs publics est plus précise : la construction des écoles, qui doivent être distinctes de la mairie, est soumise à des impératifs précis en matière d’hygiène (chauffage, aération, toilettes, etc.) et de pédagogie avec des espaces différenciés pour la cour de récréation, le travail manuel, la gymnastique, la couture, le jardin …. Tout est prévu, du mobilier au tableau noir, des ardoises et des livres au préau. En 1884, une enquête fait l’état des lieux dans la Vienne où sont scolarisés 17 693 élèves ; les effectifs de chaque classe sont supérieurs à la moyenne nationale qui est de 46 enfants par instituteur ou institutrice, les écoles sont sous-équipées en matériel et malgré l’effort de construction, en particulier sous le second Empire, l’enseignement est bien souvent dispensé dans des maisons anciennes ou des granges aménagées. Les financements assurés par la mairie, l’état et des legs, sont insuffisants ce qui explique la précarité des conditions de travail, parfois dans une classe unique sur la terre battue. Le logement de l’instituteur est généralement nettement insuffisant pour accueillir une famille. Les enseignants émettent des propositions concrètes mieux prises en compte dans les constructions de la fin du XIXe qui font souvent appel à des architectes locaux. Jérôme Grévy évoque, en conclusion, les deux bâtiments symboliques appartenant à chaque commune : l’église, souvent sombre et ancienne et l’école, qui apporte la lumière et la connaissance.
François Bigot présente ensuite Les débuts de la scolarisation primaire à Vicq-sur- Gartempe au XIX e siècle, titre de l’ouvrage collectif écrit avec Nadia Bigot-Baleh, et François Cottet*, membres de Vals de Gartempe, Creuse, Anglin ; ces recherches doivent beaucoup aux archives municipales, inédites jusqu’alors. Les progrès de l’alphabétisation ont été constants à Vicq au cours du XIX e siècle. En 1833, le premier instituteur laïc, enseigne à une classe mixte, chez lui, dans une maison louée. Il faut attendre 1866 pour que la construction de l’école de garçons soit achevée après des années de discussions entre la mairie, l’architecte et l’administration. Les filles, accueillies depuis 1854 dans des maisons privées, intègrent des locaux neufs seulement en 1882. Malgré la lenteur des prises de décision, les autorités municipales ont œuvré pour que les enfants de Vicq-sur-Gartempe aient accès aux bienfaits de l’éducation.
*Lire les deux articles consacrés par ces auteurs dans la revue n° 38 du CCHA.