Cette activité est citée dès le XVème siècle et à la Renaissance : tissage de la laine, évidemment, mais aussi du chanvre, plante à tout faire cultivée localement dans la vallée de l’Envigne autour de Lencloître. Le chanvre était principalement travaillé à domicile par les agriculteurs et destiné à la fabrication de ficelles, de cordes, de fils à tisser utilisés pour des toiles grossières vendues aux nombreux moulins. Aux alentours de l’an IX, il y a environ 320 fileurs de chanvre dans le Châtelleraudais et, en 1801, plus de 1000 tisserands et 5000 fileuses y sont employés pour le chanvre, la laine et d’autres fibres. En 1812 il reste 600 métiers à tisser le coton, dont 400 en pleine activité et 24 métiers à laine qui occupent 72 ouvriers. Les tisserands créent des serges, tissus dans lesquels des fils de chaîne et des fils de trame se décalent régulièrement afin de produire des lignes parallèles obliques. Ces étoffes servaient surtout dans l’ameublement. Quant aux droguets, tissus tramés de laine sur chaîne de coton ou de fil, ils étaient utilisés surtout pour l’habillement car inusables.
Au milieu du XIXème siècle, « des fabriques de serges et de revêches (tissus rudes au toucher) sont répandues dans toutes les localités… ». L’abbé Lalanne évoque aussi « le commerce des toiles crues ou blanchies, en si grande renommée que l’on en faisait des envois jusque dans les îles». Quant à la broderie et à la confection de dentelles, elles occupent de nombreuses femmes et jeunes filles, dans des petits ateliers puis dans des établissements plus importants. La fabrication de toiles, tissus et dentelles est mentionnée comme très florissante à Châtellerault dans une grande enquête statistique de 1811.
La suite de l’article : Lucienne Guais, Françoise Metzger, La Société Boileve et le Textile châtelleraudais