La Vienne, la rivière, ses berges, ses ports et ses mariniers

Le lit de la Vienne Conférence du 29 août 2012 de Geneviève Millet

Le port

  • Jusqu’en 1879, la ville de Châtellerault possédait quatre ports : deux rive droite et deux rive gauche. En aval du pont Henri-IV, côté ville, le port des Moulins était de taille restreinte. Côté faubourg, le port de Châteauneuf ou des tanneries, plus vaste, s’étendait jusqu’au pré de l’Assesseur et les chalands y embarquaient et déchargeaient les marchandises encombrantes.
  • En amont du pont, le port à l’ardoise, rive droite, était utilisé pour cette marchandise, surtout au XVIIe siècle lorsque le Clain était encore navigable. Quand la manufacture s’est installée, en 1819, le port de la Rastrie permettait l’arrivage du charbon, et cela tant que la voie ferrée n’a pas concurrencé la voie fluviale, pendant trente à quarante ans.
  • La batellerie a connu ses heures de gloire au XVIIIe siècle, le trafic s’est intensifié, à partir de 1730, puis 1760 ; la Révolution l’a perturbé mais le commerce a repris. L’arrivée de la voie ferrée, au milieu du siècle, a ruiné le transport fluvial. Les ports, de très animés sont devenus silencieux, la ville s’est agrandie du côté de la gare.
  • Un essai de bateau à vapeur, vers de 1843 à 1846, n’a pas duré. Il reliait Châtellerault à Saumur, trois fois par semaine, départ à cinq heures du matin !

Les quais

  • Ce n’est qu’au premier Empire que la construction des quais en aval du pont Henri IV s’effectue avec les fonds affectés au service de la navigation. Il faut exproprier sept maisons et magasins, construits près de l’eau. Deux quais et trois rampes pavés sont terminés en 1812 rive droite. C’est insuffisant, et en 1827, un emprunt de la ville permet d’agrandir le quai d’un nouveau palier avec deux rampes jusqu’à l’abreuvoir de la Tête Noire. Enfin la pose de bornes et lisses en fer, posées par le sieur Chantepie en 1854 complètent cet aménagement.
  • Rive gauche, une rampe de six m de large et 30 m de long, pavée comme sur l’autre rive, permet de descendre à la rivière, en 1812. Il est vite nécessaire de rehausser le niveau du quai à cause des crues.
  • Les bateaux sont amarrés à l’aide d’ancres et, en 1854 enfin, on installe des organeaux en fer (anneaux) à cet effet, des étriers dans lesquels on glisse des longrines (longs morceaux de bois à section carrée). Des étriers sont encore visibles, qui ont permis à de nombreuses charrettes de caler leurs roues contre eux, le temps du chargement ou du déchargement.
  • Le quai côté Châteauneuf, entre la manufacture et le pont Henri IV, se termine en 1876. Après la démolition de la maison Auger-Godeau située à l’angle du pont Henri IV, rive droite, un perré de pierres sèches, incliné à 45°, couronné par des pierres de taille relie les deux ponts au début du XXe siècle.

Jars ou gers

  • On les désigne également par haut-fonds ou bas-fonds. Le lit de la Vienne comportait des bancs de cailloux et de pierres dangereux pour la navigation dans la mesure où ils pouvaient blesser le fonds du bateau quand ils affleuraient.
  • Ce n’est pas moins de 21 jards, entre Châtellerault et le bec des Deux Eaux, qui sont dispersés sur 25 Km.
  • La vigilance des mariniers est nécessaire ; ils doivent connaitre tous ces dangers pour les éviter. Le plus redouté est « le gers de Groie » entre Antran et Ingrandes. Il faut attendre 1845 pour que les jards soient enfin neutralisés. Après les dégâts provoqués par la crue de novembre 1840, la navigation étant devenue impossible, il était grand temps de dynamiter tous ces obstacles.

Le train de bateaux

En général, les bateaux ne circulent pas seuls, ils sont couplés ou forment un train. Le chaland de tête , appelé aussi bateau mère, est suivi d’un tireau ou deuxième bateau, d’un « sourtirot » ou troisième bateau, auxquels on peut en ajouter d’autres. Un train peut comporter sept bateaux. Cela permet d’employer moins de mariniers pour le voiturage. Les plus agiles passent d’un bateau à l’autre pendant le voyage. Des toues et des allèges ferment le train. Elles sont utilisées parfois pour décharger une partie des marchandises,  si le tirant d’eau est faible.

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Association fondée en 1999, le C. C. H. A. vise à la découverte, la sauvegarde et la promotion du patrimoine documentaire du Pays châtelleraudais.
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